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"Réfugié poétique" en France, le poète guinéen Falmarès chante l'exil et la liberté

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"Réfugié poétique" en France, le poète guinéen Falmarès chante l'exil et la liberté


Jeune poète guinéen installé en France, Falmarès écrit pour ceux qui sont morts sur la route de l'exil, et pour ceux qui, en survivant, ont "perdu un pays et gagné un songe".

A 22 ans, huit ans après son départ "forcé" de Conakry, le poète a publié l'année dernière son cinquième recueil de poésie, "Catalogue d'un exilé" (Flammarion), qu'il présentera samedi au Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, dans l'ouest de la France.

Issu d'une famille de griots guinéens, Falmarès - un pseudonyme - a lu pour la première fois un roman sur un chantier à Alger, lui qui dévorait jusque-là les manuels scolaires et cahiers d'écoliers de ses aînés.

Dans ses poèmes, il se définit comme "réfugié poétique", "prince de l'exil", tout sauf "migrant".

"Ni diaspora ni expatrié ni réfugié ni même immigré (...) je suis un homme libre", scande-t-il. "Le monde est mon pays."

Encensé par ses pairs, notamment par le poète tchadien Nimrod qui préface l'ouvrage, Falmarès raconte avoir été "sauvé" par la poésie, alors qu'il peinait à trouver le sommeil en Italie.

"Je pensais à ce que j'avais vécu, les horreurs que j'avais vues. J'écrivais des poèmes, je les lisais ensuite et cela m'endormait", se souvient-il pour l'AFP.

Comme des milliers d'autres "exilés" quittant l'Afrique subsaharienne pour l'Europe, Falmarès a traversé le Sahara "sans même une bouteille d'eau", travaillé des mois sans salaire en Algérie, avant d'être retenu, malade, par des passeurs dans des baraques insalubres en Libye.

Puis une nuit, les passeurs le poussent "avec une centaine d'autres personnes sur un zodiac de sept mètres de long". Pendant plusieurs jours, ils dérivent en mer avant d'être repérés par des gardes-côtes qui les font débarquer en Italie.

"Dans le zodiac, nous chantons les chansons de désespoir et de funérailles", écrit-il avec pudeur. Autour d'eux, "des corps flottants".

De ces expériences, il tire une conviction: il faut "chanter, crier" l'exil, rappeler la mémoire de ceux qui sont morts. Mais "ne surtout pas rester circonscrit ou défini par ce chemin".

"Car l'exil, c'est aussi réapprendre à vivre", veut croire le jeune homme. "Rencontrer des gens, boire un coup, aimer et apprivoiser le présent. L'exil n'est pas que langage de souffrance."

- "M'enraciner" -

Col roulé rouge, allure sportive, Falmarès vit désormais à Nantes, dans l'ouest de la France.

"C'est ici que je veux m'enraciner", confie le poète, tombé amoureux de la ville parce que son club de football, le FC Nantes, a longtemps fait jouer la star guinéenne Ismaël Bangoura.

Le 10 mai, Falmarès a eu "l'immense honneur" d'être choisi par la municipalité comme "Grand témoin" de la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage en France.

Car Nantes a été pendant plusieurs siècles le premier port négrier du pays. Un passé qualifié d'"abîme" par Falmarès.

"La menace qui nous guette n'est pas l'immigration, mais le refus de la diversité, de l'égalité et de la fraternité républicaine, qui fait progresser les idées extrémistes en Europe", a-t-il prévenu lors d'un discours, appelant à "plus de solidarité".

- "Double vie" -

Falmarès, dont le titre de séjour expire en 2026, ne peut envisager l'avenir ailleurs qu'en France, terre "choisie pour sa langue".

Lorsqu'il n'écrit pas, le poète enchaîne les contrats en intérim, dans le secteur de la logistique. Ses mains manient alors de lourds chariots et il est rare qu'il parle à ses collègues de "sa double vie de poète".

Un grand écart qui lui semble naturel, tout comme le fait d'avoir autant publié à son âge.

"On me dit: tu as le temps. Mais nul ne sait quand sa propre vie s'arrête. Nul ne sait en réalité si j'ai le temps", rappelle le jeune homme, soudain grave.

Sa seule certitude reste la poésie, devenue son "centre de gravité", lui qui rêve d'écrire "des poèmes-exilés sur toutes les lèvres de ce monde."



1 Commentaires

  1. Auteur

    Fadiagnes

    il y a 2 semaines (17:20 PM)
    Un grand jeune poète à diffuser dans les écoles et auprès de personnes sensibles à la poésie et au roman.

    "je me demande souvent

    où sont mes sœurs d'exilé si belles,

    si intelligentes et si fortes?

    Elles sont dans les camps d'Italie, d'Espagne …?

    Elles sont sur l'île de Lesbos?

    Elles sont sous les tentes de Calais? 

    Elles sont dans les bordels de Tripoli?"

    Dans un langage trés pudique, Falmarės nous expose son projet d'exilé … j'en ai des frissons … et des envies de partage avec de jeunes africains …

    "Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination … Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C'est de l'autre côté de la vie" Céline . 

    Falmarès est de cette cette race" de poète.

    Merci Monsieur
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